Une étendue d’eau débarrassée de son bateau de pêche, voilà ce que m’évoque l’idée du futur. Les souffrances animales liées aux élevages et à l'abattage des ovins, bovins, volailles et autres animaux à pattes ne sont plus un secret pour personne. La cruauté n’est plus à la mode et de plus en plus de consommateurs se responsabilisent face à leur contribution à ces systèmes de production. Mais il reste toutefois quelques épargnés des considérations sentimentales : les poissons. Même certains végétariens se précisent “pesco-végétariens” ou "pescetariens", autrement dit “on pense aux animaux, sauf aux poissons”. Pourtant, la pêche en milieu naturel n’est pas seulement néfaste pour la faune, mais c’est également un désastre pour l’environnement marin. Certains chercheurs se sont donc penchés sur le sujet dans le but de trouver des alternatives afin de minimiser la présence de l’Homme et ses dégâts, et des solutions durables commencent à émerger.
Suite à une intense période d’expansion et d’accroissement des territoires, l’Homme est désormais partout. Il est très présent, et même, d’après les statistiques démographiques mondiales, trop présent. Cette présence extensive actuelle est telle que la notion d’absence devient fiction. Ma carte postale n’annonce pas une nouvelle conquête en “Je serai là” mais suggère un retrait plus raisonnable en “Je ne serai plus là”.
À la façon de Nicolas Moulin, ma retouche d’image fonctionne par le vide : montrer l’absent.
À la suite du visionnage d’un documentaire Arte dédié aux élevages de poissons et à la pêche minotière*, j’ai pris conscience de certaines considérations qui ont remis en question mon positionnement face à certaines problématiques actuelles. Si en découvrant les informations du documentaire j’ai pu avoir une prise de conscience considérable, il me semblait pertinent de les relayer à mon tour et d’informer ceux autour de moi.
Je ne suis pas parvenu à retrouver le documentaire en lui-même, donc partager son contenu s’est montré d’autant plus justifié. L’idée principale était que pour nourrir les “gros” poissons d’élevage, on utilise des protéines animales issues de la pêche de “petits” poissons en milieu naturel. Cette pêche de poissons sauvages pour une production de nourriture animale (aquaculture, aviculture, animaux domestiques, etc.) est appelée la pêche minotière. C’est essentiellement cette pêche minotière qui constitue un élément d’accusation dans les conséquences environnementales des pratiques d’élevage ainsi que dans *voir définitions
la surpêche, et qui a invité les chercheurs à trouver des alternatives. Une des réponses proposées a été l’usage de protéines d’insectes, fournies par l’entomoculture*. Le documentaire présentait l’entreprise française Ÿnsect comme fournisseur, avec une exposition des rendements de la coléoculture* qui s’annoncent prometteurs pour remplacer la pêche minotière. Les problèmes étant mis au jour, les solutions sont engagées. Les premiers pas vers un avenir meilleur sont amorcés, il ne nous reste plus qu’à les faire croître et perdurer. Le futur se bâtit dans le présent, et le futur a déjà commencé.
Dans ce projet, je ne cherche pas à innover. Les informations sont des faits existants et accessibles que je ne fais que retransmettre. J’incarne ainsi un rôle de messager en cohérence avec le thème de la carte postale, le médium servant initialement à échanger des mots, des messages, des informations. La réception de ces informations a pour but de créer une remise en question, une interrogation et un positionnement du lecteur. Celui qui termine la lecture, désormais informé, appartient au futur de celui qui la commençait.
Définitions:
Pêche minotière : La pêche minotière est une pêche industrielle intensive destinée à alimenter les filières industrielles par des petits poissons pélagiques de faible valeur commerciale, que l'on transformera en farines et huiles de poisson
Entomoculture : Elevage d’insectes.
Coléoculture : Elevage de scarabés.