Confinés dans l'aéroport d'une île un soir d'ouragan, un homme et une femme se souviennent de leurs études de philosophie, qui les ont liés puis séparés. Fanatique de Wittgenstein, exclu de l'université, Cratyle s'est tourné vers les big data pour concrétiser son projet : breveter le langage. Car, il en est convaincu, l'époque où il faudra payer pour parler n'est pas loin. Un jour, les humains devront s'abonner à la logosphère pour voir leurs paroles prendre effet. Mais Diana a d'autres vues. Venue sur l'île pour tester des hologrammes capables d'épouser dans la nuit les courbes du vent, elle lui oppose ce que c'est, pour elle, que de parler et de penser librement. source
On m’a ridiculisé comme philosophe en voulant me faire abjurer une vérité. Mais quand ma théorie produira des centaines de millions de dollars, tous devront s’incliner. C’est la preuve par l’argent, la plus basse peut-être, mais la dernière qu’il me reste. J’aurais au moins appris que lorsqu’on parle du « crédit » accordé à une idée, il faut prendre le terme au sens économique. p.27
Le langage est en cours de réinterprétation à cause des logiciels et des robots. C’est à eux que l’on va parler : ce qui, tu l’imagines, ne peut être gratuit… p.41
De toute façon, la gratuité du monde est révolue, si tant est qu’elle ait jamais existé. L’argent et la technique, de nos jours, sont indissociables, c’est le grand changement. Le technocapitalisme n’est pas un vain mot, et il reçoit ici un éclairage très fort : il est le dispositif qui concrétise certaines paroles payantes. p.41-42
La nouvelle formule du monde, j’en suis convaincu, c’est le business du devenir-chose du mot. p45
Bienvenue dans l’âge technocapitaliste où les mots se payent en dollars ! Tu veux participer à ma fortune ? Tu veux m’acheter des actions ? Devenir très, très riche ? p.47